05 - Traverser les frontières - VIDEO

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Collège de France (Arts)

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Cinéma et histoire Kedma (2002), extraits Le cinéma est un artisanat Un processus d’élaboration et d’articulation De différentes strates Parfois dans les documentaires On est archéologue, on fouille Strate après strate Au fond on trouve un os ou un bout de maison Et alors la Maison devient un film Mais dans une autre ville Jérusalem. Et l’histoire des immigrants sur un bateau Comme dans Kedma La côte en face Une sorte de silhouette La crête du Carmel émerge de la mer Ceux qui sont venus, Et peut-être aussi ceux qui voulaient venir Mais ne sont pas venus Et ne viendront pas. Amos Gitaï, Mont Carmel (Gallimard, 2003) Personnalité invitée : Sylvie Lindeperg Sylvie Lindeperg est historienne, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directrice du Centre d’études et de recherches en histoire et esthétique du cinéma (CERHEC). Ses recherches portent sur les liens entre le cinéma, la mémoire et l’histoire, en s’attachant plus particulièrement à la période de la seconde guerre mondiale. Elle a écrit et co-dirigé une douzaine d’ouvrages : Les Écrans de l’ombre (CNRS éditions, 1997 et réédition Point Histoire, Le Seuil, 2014), prix Jean Mitry de l’Institut Jean Vigo ; Clio de 5 à 7 (CNRS éditions, 2000) ; Nuit et Brouillard. Un film dans l’histoire (Odile Jacob, 2007), prix de la critique cinématographique et prix Limina (Italie) ; Univers concentrationnaire et génocide. Voir, savoir, comprendre, en collaboration avec Annette Wieviorka (Fayard, 2008) ; La Voie des images (Verdier, 2013) ; Le moment Eichmann, avec Annette Wieviorka, (Albin Michel, 2016), issu d’une série de conférences qui se sont déroulées au Collège de France, A qui appartiennent les images ? : le paradoxe des archives, entre marchandisation, libre circulation et respect des œuvres avec Ania Szczepanska (Maison des sciences de l'homme, 2017) ; Par le fil de l'image : cinéma, guerre, politique (éditions de la Sorbonne, 2017). Films présentés Berlin-Jérusalem (1989) Else Lasker-Schüler et Mania Shohat font route chacune de leur côté vers Jérusalem, ville mythique mais aussi bien réelle, qu’il leur faudra affronter… Construit à partir des biographiques de ces deux femmes, une poétesse expressionniste allemande et l’une des premières sionistes russes, le film fait l’aller-retour entre les cafés embués de Berlin dans les années 1930 et les collines de Jérusalem. Berlin-Jérusalem ou l’histoire d’utopies brisées. Plus tard tu comprendras (2008) Au moment où s’ouvre le procès de Klaus Barbie, Victor, qui vit à Paris, découvre que sa mère Rivka a toujours fait silence sur sa souffrance et les persécutions dont sa famille fut la victime pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation. Il va tenter de reconstruire cette mémoire. Adapté du roman autobiographique de Jérôme Clément, Plus tard tu comprendras, paru aux éditions Grasset en 2009. Kedma (2002) « Comment faire de la fiction sur un mythe fondateur ? Pour l’Amérique, le cinéma hollywoodien a inventé le western. Pour Israël, Amos Gitaï a tourné Kedma. […] Pour nous dire que, dès la fondation d’Israël en mai 1948, effort sidérant pour transformer la fatalité d’un peuple en destin, un réel nettement plus délirant était au rendez-vous. Et Gitaï, au feu de son impressionnante mélancolie, ne ménage personne : ni les soldats du mandat britannique […] ni les combattants du Palmach, l’armée clandestine juive […] Il aurait fallu faire une nation inouïe et pas un État comme un autre. Car Gitaï dit ça aussi : que la question d’Israël n’est pas la question juive. Et que toute utopie finit mal en général. Quant aux Arabes, les autres grands déplacés du film, Gitaï ne leur confère pas un surcroît d’héroïsme, un supplément de martyre. Youssouf, un vieux paysan tracassé par les soldats juifs, se met à vociférer […]. Plus tard, Janusz le juif, déboussolé par les combats, se met à hurler […]. Nous en sommes toujours là, dans ce cauchemar, soliloque contre soliloque. » (Gérard Lefort, Libération, 17 mai 2002)