Le Mexique est une fosse commune clandestine selon une activiste des droits humains

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RCI | Français : Chroniques

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 «Je suis très honorée qu’on m’ait invité à célébrer, non seulement la journée de la femme, mais pour nous au Mexique, le mois de la femme, dans un pays qu'on dit sûr, un pays en paix, pour moi, c’est très difficile de vous dire que c’est un pays qui est en guerre et où on n’est pas en sécurité. Ici au Canada, j’ai rencontré plusieurs de mes concitoyens qui se retrouvent dans une situation difficile, car ils sont venus demander l’asile et ils arrivent alors que le président mexicain dit que le pays est très sécuritaire, en paix. Personne n’a osé dire le contraire. Pour moi, c’est très difficile, après toute la violence que j’ai vécue, la guerre entreprise contre les Mexicains et plus particulièrement contre ceux de l’État du Michoacan, [dans le sud-ouest du pays]. C’est pour cette raison qu’ils ont enlevé et assassiné ma fille.» Écoutez l'entrevue complète avec MARGARITA LÓPEZ PÉREZ (en espagnol) ES_Entrevue_2-20190305-WIS20 Margarita López Pérez a cherché sa fille, portée disparue le 13 avril 2011, pendant plus de deux ans avant de retrouver son corps. Depuis, elle parcours son pays et le monde pour dénoncer la violence au Mexique. Elle est de passage à Montréal dans le cadre de la Journée de la femme en tant qu’invitée du Comité pour les droits humains en Amérique Latine, groupe Femmes de diverses origines et du Centre des travailleurs et travailleuses immigrantes. L’activiste et défenseure des droits humains a accepté de raconter son histoire à Radio-Canada (en espagnol). MEXICO https://www.rcinet.ca/es/wp-content/uploads/sites/4/2019/03/MARGA-1.mp3 Disparition de sa fille Margarita López Pérez a parlé au téléphone avec sa fille, Yahaira Guadalupe Bahena López, une heure avant qu’elle soit enlevée. «Ma fille venait d’arriver dans l’État d’Oaxaca. Elle était mariée à un militaire et il venait d’être transféré à cet endroit. Quand j’ai reçu la nouvelle [que ma fille était portée disparue], je m’y suis rendue immédiatement. Ma fille, [lorsqu’elle arrivait à un nouvel endroit] avait l’habitude de dire qu’elle venait d’une ville à proximité, parce qu’en 2011, une grande famille du Michoacan avait semé beaucoup de violence et on ne pouvait pas dire qu’on était originaire de là, ni sortir de notre État avec des autos immatriculés là, car on devenait des cibles et certains étaient assassinés ou enlevés.  […] Ma fille se trouvait à sa résidence lorsqu’un groupe de gens armés est arrivé, l’a frappé violemment et l’a enlevée après qu’elle ait perdu connaissance. Je suis arrivée le lendemain et les autorités de l’État d’Oaxaca ont refusé de prendre ma plainte. Malheureusement, ils stigmatisaient les femmes. Si une femme a été frappée, violée, enlevée, pour eux, c’est qu’elle le méritait. Ma fille, qui était âgée de 19 ans, était dans sa résidence lorsqu’elle a été amenée de force. Ce que l’armée et les autorités m’ont dit, c’est qu’elle était sûrement partie avec un narcotrafiquant. Qu’elle était très belle et qu’elle était sûrement tombée en amour avec un narcotrafiquant ou en était devenue une. Ils m’ont dit qu’elle allait sûrement revenir un jour. Je leur ai expliqué que ma fille ne serait jamais partie sans me le dire, car on était très proches. Je leur ai dit que leur responsabilité était de chercher ma fille et que si la justice avait quelque chose à lui reprocher, qu’elle entame les procédures judiciaires nécessaires, mais qu’ils me redonnent ma fille. Leur réponse a été nulle. Ils m’ont dit que si j’avais les moyens, je pouvais engager des informateurs pour m’aider dans mes recherches mais que je devais tout faire par moi-même. J’étais une femme, une mère, une entrepreneure qui travaillait dans le milieu de la vente d’équipement industriel lourd. Je leur ai demandé ce qu’était un informateur. Les autorités m’ont répondu qu’à l’extérieur de leur zone militaire, j’allais trouver des personnes avec une radio qui étaient des tueurs à gages, des « faucons ».