Les dessous de l'infox, la chronique - Charlatans en blouse blanche

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Les dessous de l'infox, la chronique

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L’information de la semaine sur le front de la pandémie de Covid-19 c’est qu’un vaccin pourrait être prochainement mis en circulation. Mais ce progrès scientifique –s’il se confirme- pourrait se heurter à un front du refus, entretenu notamment par l’Alliance mondiale des médecins, un collectif relayant des thèses conspirationistes. Les membres de cette association dénommée « World Doctors Alliance » (WDA), se répandent à longueur d’interview, de conférences et de vidéo sur les réseaux sociaux pour contester l’existence même du virus ou du moins sa dangerosité. En conséquence ils s’opposent systématiquement aux mesures prises pour lutter contre la pandémie : contre le confinement, ou le couvre-feu, contre la distanciation sociale, contre les masques, contre les tests et contre les vaccins. Scenario complotiste par excellence, l’un d’eux s’interroge dans une interview relayée sur Facebook et WhatsApp « comment s’immuniser contre une maladie qui n’existe pas ?  » Et de poursuivre « ils veulent nous modifier génétiquement avec le vaccin ». Des arguments assénés sans aucun début de preuve. Le compte Facebook qui relaye cette interview poste également des messages contre « la franc-maçonnerie sataniste », « contre la finance mondiale et les juifs qui contrôlent le monde ». Dans une autre vidéo, une femme en blouse blanche fait le lien entre le coronavirus et le déploiement de la 5 G. On est réellement dans un registre conspirationniste très éloigné du monde des sciences, et du monde réel tout court. Médecine et réalités alternatives Les membres de ce collectif se présentent comme des « professionnels de la santé ». Certains en sont ou l’ont été. Le site publie les biographies, aligne les diplômes et les spécialités : biologistes, physiciens, psychiatres mais aussi des disciplines moins conventionnelles : médecins holistiques, naturopathes, qui relèvent de la médecine alternative. Sans porter de jugement à priori sur ces spécialités, il apparait manifeste que les membres de l’association qui s’en réclament, se montre particulièrement enclin à critiquer l’approche scientifique conventionnelle, au point d’en nier systématiquement les fondements. Là encore sans démonstration construite, en procédant par amalgame, en ignorant la gravité du virus. Scientifiques en rupture de ban Parmi eux,Dolores Cahill, est particulièrement active, comme le montre notamment sa façon d’haranguer la foule en septembre dernier lors de manifestations anti-masque à Londres. Sa biographie sur le site de la WDA fait état d’un PhD en Immunologie et biotechnologie obtenu en 1994 à Dublin, et surtout un titre de vice-présidente du comité scientifique de l’Union Européenne consacré à l’innovation médicale, l’IMI, partenariat entre l’UE et l’industrie pharmaceutique. En revanche, ce que le site oublie de préciser c’est qu’à la suite d’une interview accordée par Dolores Cahill à un activiste de l’ultra droite alternative,le comité scientifique qu’elle co-présidait a demandé sa démission, et l’école de médecine du Collège universitaire de Dublin dont elle est issue, a tenu à se démarquer de ses positions. Dans l’argumentaire développé par cette officine conspirationiste, le nombre de morts associé au Covid-19 est contesté d’emblée, le fait que le virus puisse laisser des séquelles également. Les gouvernements du monde entier seraient de mèche pour créer -par le confinement- une crise économique dont on ne voit pas le profit qu’ils pourraient en tirer. Mais qu’importe, il est dans la logique du complotisme que seuls les initiés comprennent les tenants et les aboutissants d’une telle situation. Face à la complexité du monde, le récit complotiste offre une version alternative des faits et de la médecine. En pleine pandémie, c’est un phénomène dangereux. Cette chronique répond aux interrogations d’un auditeur, sur le groupe WhatsApp de l’émission Les dessous de l’infox, dont nous vous rappelons le numéro : 06 89 07 61 09, pour nous alerter sur les infox et la mésinformation qui circulent sur les réseaux sociaux.