Les dessous de l'infox, la chronique - Facebook contre les conspirationnistes de QAnon

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Les dessous de l'infox, la chronique

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Phénomène désormais global, le mouvement conspirationniste QAnon jugé dangereux par le FBI, est désormais bloqué sur Facebook. Des milliers de comptes et pages Facebook sont amenées à disparaître, mais le complotisme multiforme de ses adeptes risque de se redéployer ailleurs. Facebook -dans un communiqué publié ce mardi 6 octobre 2020- alarmé par la percée de la mouvance QAnon sur les réseaux sociaux, a décidé d’éliminer tous les comptes, les groupes et les pages relayant les théories conspirationnistes de ce mouvement. Mais QAnon est une nébuleuse. S’y retrouvent des sympathisants violents et militarisés comme de simples citoyens désorientés par la crise sanitaire actuelle, en mal d’explications sur les sujets les plus divers. Le noyau dur de la mouvance se retrouve néanmoins sur un scenario élaboré à partir de la dernière campagne électorale américaine en 2016. Ceux qui se réclament ouvertement de QAnon dénoncent avec constance ce qu’ils désignent comme « l’état profond », qui tire les ficelles pour contrôler les populations au profit d’une caste élitiste à abattre. Ils se considèrent eux-mêmes comme les « éveillés » face aux peuples soumis et endormis, et ils se répandent sur les réseaux sociaux sous de fausses identités pour contester toute vérité établie ou faits historiques, comme la Shoa, et tout ce que les médias présentent ou ont présenté comme des faits d’actualité : les attentats du 11 septembre, la crise financière de 2008, et aujourd’hui la crise sanitaire du Covid-19. Ils en dénient la réalité et sont donc opposés à toutes les mesures prises pour lutter contre le coronavirus: masques, confinement et autres restrictions de rassemblements. Derrière le sigle QAnon Cette désignation QAnon provient du réseau 4 chan, un forum ou tout s’échange sur le web, sans modération. Les premières occurrences de messages signés Q remontent à 2017. Le Q première lettre du mot question, fait référence à un code pour faciliter les communications internationales, les premiers messages proviendraient d’un mystérieux haut fonctionnaire américain, messages cryptés, sous le sceau de l’anonymat, c’est le sens de « Anon ». Le profil type et ses différentes facettes En général, à côté du hashtag #QAnon, les internautes associent le hashtag #WWGOWGA pour « Where we go one, we go all », slogan galvaniseur, qui signifie « tous pour un, un pour tous » en français. Mais aussi #MAGA, « Make America Great Again », le slogan de Donald Trump pour rendre sa grandeur à l’Amérique. Ils affichent également #patriote #obamagate #pizzagate #pedophiles. Ce sont des ultras conservateurs, des sympathisants d’extrême droite, souvent racistes, antisémites, anti féministes, convaincus que les Démocrates américains en cheville avec la finance internationale, sont des satanistes impliqués dans un scandale d’exploitation sexuelle des enfants. Ils voient dans le président Trump l’homme qui viendra à bout de ces élites corrompues et pédophiles. Ce que l’on observe à travers leurs comptes sur Facebook et tweeter notamment c’est qu’ils ratissent très large, et qu’ils associent des causes qui n’ont rien à voir les unes avec les autres. Dans un article intitulé « Comment un culte viral dangereux est devenu global », le site de la chaîne américaine CNN publie en lien une liste des principaux groupes désormais dans le viseur de Facebook. La plateforme dans son communiqué du 6 octobre détaille une opération de fermeture des comptes liés à QAnon qui prendra des semaines. Incitations à la haine et la violence Ce qui incite Facebook à renforcer sa politique de censure à l’égard de ce mouvement, c’est la multiplication de messages en forme d’appels au meurtre par les plus radicaux de ces militants, qui prêchent ouvertement la haine à coup d’accusations infondées. Il n’y a aucun élément factuel derrière les allégations de pédophilie à l’encontre de Hillary Clinton et de nombreuses personnalités du show biz dénoncées à longueur de vidéos complotistes. En décembre 2016, l’affaire du Pizzagate, qui prétendait dévoiler les agissements de personnalités proches de Hillary Clinton, accusés de se livrer à des actes pédophiles dans un restaurant de pizza, avait conduit à une fusillade dans un restaurant de Washington. Les accusations calomnieuses dont souvent assorties de menaces de mort par les adeptes de ces théories, dont il est difficile de mesurer la portée. Il apparait néanmoins depuis quelques mois, que les adeptes de QAnon sont de plus en plus nombreux à sortir de l’anonymat. Il y a ces groupes d’individus portant des T-shirt et brandissant des pancartes arborant la lettre Q lors des meetings de Trump. Et en pleine rue, certains exhibent un arsenal beaucoup plus inquiétant, comme on a pu le constater lors de manifestations anti-confinement aux États-Unis, avec la présence de militants armés affichant les signes de ralliement au groupe Q. Une notoriété dopée par Donald Trump Les QAnon sont des inconditionnels de Donald Trump, qui le leur rend bien. Loin de repousser leurs avances, le président Trump en campagne pour sa réélection, les a qualifiés de « patriotes », ce qui a boosté leur renommée mondiale dans les milieux d’ultra droite et « Alt Right », la droite alternative. Certains de leurs plus fervents adeptes, comme le québécois Alexis Cossette s’occupent de traduire leurs vidéos en français, d’autres prennent le relais dans d’autres langues. Une chaine U-tube dénommée « fils de Pangolin », également présente sur Twitter et Facebook, se charge également de répandre les versions françaises de ces vidéos complotistes chez les internautes francophones. Les milieux d’extrême droite suisses et allemands sont également très actifs. Et lorsque les comptes sont supprimés sur une plate-forme, on les retrouve sur une autre, d’un continent à l’autre. Le risque c’est que la fermeture de page conspirationnistes comme celle de Radio Québec d’Alexis Cossette, ne débouche sur une plus grande radicalisation de ses abonnés. C'est du moins ce que suggère la réaction des abonnés de la page supprimée, dans les commentaires qui ont suivi l'annonce de l'opération de nettoyage de Facebook. Cantonnés à s’exprimer dans des cercles plus fermés, comme le site de chat « Parler » ou l’application de messagerie chiffrée Télégram, cela pourrait réduire la visibilité du mouvement, mais pas forcément sa virulence, ni sa capacité de mobilisation.