Les dessous de l'infox, la chronique - France-Mali sur les réseaux, désinformation et fausses accusations

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Les dessous de l'infox, la chronique

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Le dialogue franco-malien est entré dans une zone de turbulences et la désinformation s’engouffre dans la brèche. Sur les réseaux sociaux, de graves accusations sont proférées à l’encontre de la force française Barkhane, déployée au Sahel, accusations gratuites visant à alimenter le sentiment anti-français. À en croire l’auteur du tweet épinglé aujourd’hui, la France équiperait les jihadistes en armes et en véhicules. C’est en tout cas ce que Nathalie Yamb affirme sur twitter cette semaine, en ironisant sur la livraison par la France d’équipements de maintien de l’ordre aux autorités maliennes. Rien ne vient pourtant étayer ces accusations. Pour en savoir plus, nous sommes allés voir les nombreuses publications de l’auteure, très active sur internet. Elle est suivie par plus de 168 000 abonnés sur Twitter, 127 000 sur sa chaîne YouTube.   Accusations gratuites et martelées En fait aucun élément tangible, n’est apporté à ce sujet, à aucun moment. Dans l’une de ses vidéos, Nathalie Yamb déplore l’échec de Barkhane à débarrasser le Sahel des groupes jihadistes - ce que l’on ne viendra pas contester ici - mais elle va beaucoup plus loin en accusant la France de financer les terroristes qu’elle combat, et au lieu d’apporter la preuve de ses accusations, elle développe un argumentaire aux accents complotistes, avec inversion de la cause et de l’effet. Pour elle, si les jihadistes prolifèrent au Sahel c’est du fait de la présence des troupes françaises et non l’inverse. Conclusion, les Français doivent quitter le Mali. C’est ce que martèle la relâche l’activiste suisso-camerounaise, peu lui importe le coup de gueule de l’exécutif malien, face à la réduction annoncée des effectifs de Barkhane, le Premier ministre de transition Choguel Maïga reprochant à la France un « abandon en plein vol ». Désinformation et appel aux mercenaires En réalité, Nathalie Yamb ne fait pas mystère de ses accointances russes. Fière de se présenter comme « la dame de Sotchi », elle a épinglé sur son mur twitter son intervention au forum Russie-Afrique de Sotchi à l’automne 2019 où elle déclare « nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises ». Sans que l’on sache très bien à quoi le « nous » se réfère. Nathalie Yamb s’érige en panafricaniste « affranchie des tutelles », comme l’indique sa biographie sur Twitter. Mais semble avant tout défendre des intérêts russes. Dans une autre vidéo, mise en ligne le 26 septembre dernier, on l’entend plaider ouvertement pour l’intervention des mercenaires russes de la compagnie Wagner, qu’elle présente comme « la société de Yevgueni Prigozhin, proche de Vladimir Poutine ».   Propagande russe non voilée  Ces slogans très relayés sur les réseaux sont également entendus dans des manifestations, parfois accompagnés de discours de haine anti-française. Une partie de la rue y adhère. Car Nathalie Yamb n’est pas seule à propager ce type de narratif pro-russe et anti-français. L’homme d’affaire Yevgueni Prigozhin recrute à travers le réseau AFRIC, des agents d’influence à la solde de Moscou. L’acronyme AFRIC signifie Association for Free Research and International Cooperation. Parmi ses membres les plus éminents, Alexandre Malkevich connu pour avoir mis sur pied l’une des officines impliquées dans les campagnes de désinformation visant à propulser Donald Trump à la tête des États-Unis en 2016. Le travail d’enquête de Michael Weiss et Pierre Vaux, « The company you keep, Yevgeny Prigozhin’s influence operations in Africa » met à nu le réseau organisé par l’homme d’affaire russe, et présente les photos de personnalités incluant notamment Nathalie Yamb aux côtés d’Alexandre Malkevich, également épinglé pour ses activités dans les usines à troll de l’IRA, Internet Research Agency. La stratégie informationnelle russe est parfaitement claire : exploiter le ressentiment contre l’ancienne puissance coloniale, au profit de l’implantation des hommes de la compagnie russe, qu’au passage, le Kremlin ne reconnaît pas officiellement.