Lorsque Facebook déprime ses utilisateurs

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RCI | Français : Chroniques

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La panne majeure qui a causé la suspension des services de Facebook et d’Instagram mercredi dernier a créé une kyrielle de sentiments d’anxiété, de colère, voire de déprime chez les internautes. Facebook est-il devenu incontournable et vital? « Cessez d’appeler les services d’urgence! » Facebook a indiqué que ce n’était pas une cyberattaque de type « DdoS », c'est-à-dire « attaque par déni de service » (serveurs saturés à la suite de plusieurs tentatives de connexions simultanées), qui était à l’origine de cette panne historique du réseau social et de sa filiale, Instagram, mais plutôt un changement dans la configuration de ses serveurs. Emergency services are asking the public to stop calling triple zero about the Facebook and Instagram outage ? pic.twitter.com/ZHlGr1uQAt — Sunrise (@sunriseon7) March 13, 2019 Plusieurs mobinautes exprimaient leur impatience, leur frustration et leur colère sur d'autres réseaux sociaux comme Twitter. Ils lançaient des appels à l’aide parfois désespérés et répétés, réclamant des astuces pour pouvoir se reconnecter à Facebook. Certains conseillaient des « poke », d’autres recommandaient la réinstallation de l’application Facebook. Les services d’urgence en Australie ont enjoint au public de cesser de les appeler pour leur demander de rétablir Facebook et sa « soeur » Instagram. Cette panique et cette frénésie traduisent une forme avancée de dépendance envers ce réseau social de plus de 2 milliards d’utilisateurs à travers le monde. Facebook est-il devenu si vital dans la vie des internautes que son absence les rend anxieux, angoissés ou déprimés? « Facebook utilise les mêmes techniques qu’un Casino pour que ses usagers y reviennent », a indiqué le professeur Siva Vaidhyanathan de l’Université de Virginie, auteur du livre Antisocial media: How Facebook disconnects us and undermines democracy. Facebook est conçu comme une machine à sous dans un casino : il est censé donner de « petits morceaux de plaisir » (voyeurisme, mise en valeur de soi, expression de son opinion, etc.) et distiller des doses d’angoisses lorsqu’on ne le consulte pas, selon le professeur Vaidhyanathan. L’engagement (like, commentaire, partage), une fonctionnalité cruciale, est un des outils redoutables pour rendre les utilisateurs scotchés à Facebook. Plus une publication (post) recueille de « likes », de commentaires et de partages, plus elle sera visible sur le mur Facebook. Une sorte gratification qui incite les usagers à être créatifs pour susciter cet engagement, qui risque de devenir addictif pour certains usagers réguliers de Facebook. Marc Zuckerberg semble réaliser un des rêves de n’importe quel entrepreneur : rendre son service indispensable à ses usagers. Ces derniers ne semblent pas trop s’inquiéter de l’intention sournoise du patron de Facebook de faire de ce réseau social un espace privé. Des politiciens ont, par contre, soulevé le danger que pourrait représenter Facebook pour la démocratie à cause du pouvoir grandissant du réseau et de son influence. La représentante démocrate de l’État de New York a déclaré récemment que la démocratie avait un « problème Facebook ». Le réseau social a retiré les publicités portant sur le démantèlement des géants de la technologie d’une candidate à la prochaine élection présidentielle, la sénatrice Elizabeth Warren. Les publicités ont été remises en ligne à la suite de vives critiques sur les réseaux sociaux. ÉcoutezFR_Entrevue_7-20190315-WIF70 Zoubeir Jazi