Reportage international - Chili: la Constituante entame ses débats sur le fond

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L’Assemblée constituante chilienne a adopté son règlement - sa méthode de travail - il y a dix jours et elle entame ce lundi 18 octobre les débats sur le contenu de la future Constitution. Une date symboliquement très importante pour les élus, chargés de remplacer le texte actuel, hérité de la dictature du général Augusto Pinochet. Car ce lundi, le pays célèbre le deuxième anniversaire du mouvement social d’octobre 2019. Des manifestations historiques avaient éclaté contre les inégalités, et contre le modèle économique néo-libéral imposé sous Pinochet. De notre correspondante à Santiago, Dans ce quartier pauvre de la banlieue sud de Santiago, des habitants ont organisé une exposition de photos, des jeux pour enfants et un concert pour célébrer le deuxième anniversaire du mouvement social contre les inégalités. « C’est important de commémorer cette date, insiste Cristina Bustos, 50 ans, l’une des organisatrices. Car cette mobilisation a eu un coût pour le peuple. Des personnes ont été mutilées, des gens sont morts. Cela n’a pas été facile. Ce qu’on a obtenu, cela a été à ce prix-là. » Résultat du mouvement social, le pays est en pleine rédaction d’une nouvelle Constitution. Et le règlement de l’assemblée constituante, qui vient d’être adopté, prévoit une forte représentation des femmes à la tête des commissions, par exemple. « Il ne doit pas y avoir de limite à la présence des femmes, souligne Alondra Carrillo, élue de cette circonscription de Santiago et militante féministe. Car il nous faut corriger l’exclusion historique des femmes des espaces de décision politique. Les coordinations des commissions sont donc paritaires, à l’exception de la commission de décentralisation, qui est dirigée par deux femmes. » « Modèle social-démocrate » En plus d’être paritaire, cette assemblée est composée de nombreux élus indépendants des partis politiques, et de représentants des peuples autochtones. Une assemblée plus représentative de la société chilienne, et majoritairement de gauche. « Le contenu du règlement adopté nous permet déjà d’anticiper ce qui va arriver ensuite, explique Claudio Fuentes, professeur de sciences politiques à l’université Diego Portales à Santiago. La Constitution actuelle est plutôt néo-libérale, et on s’attend à ce que la nouvelle Constitution soit plus proche d’un modèle social-démocrate, avec un État plus fort, plus de droits sociaux. Mais aussi avec de nouveaux droits qui n’existaient pas dans le texte actuel, comme les droits des peuples autochtones, les droits des enfants, le droit au logement, et puis probablement les droits de la nature et des animaux. » Les premiers mois de la Constituante n’ont malgré tout pas été faciles. Le gouvernement de droite au pouvoir n’a pas accordé un budget suffisant pour qu’elle fonctionne dans de bonnes conditions. Les élus espèrent donc que le nouveau président, qui doit être élu à la fin de l’année, n’entravera pas les travaux de cette assemblée, qui a encore neuf mois pour rédiger la nouvelle Constitution. Le texte devra ensuite être soumis à référendum.