Reportage international - Chine: dans le Shandong, une pauvreté de plus en plus marquée

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La Chine s’apprête à célébrer comme il se doit le centenaire du Parti communiste chinois l’été prochain. Pour ne pas gâcher la fête, tout doit être parfait. Pour cela, le président chinois Xi Jinping a fixé un objectif : développer une société modérément prospère qui passe par un remodelage de la campagne chinoise d’ici la fin de l’année. Mais dans le Shandong, cette politique a été poussée à l’extrême enfonçant les villageois un peu plus encore dans la pauvreté. Depuis la ville de Heze, il faut à peu près une heure de route pour relier le village de Hongchuancun, bourgade de quelques centaines d’âmes. Sur le chemin, les immeubles en chantier poussent comme des champignons. Une fois dans le hameau, ces mêmes immeubles dominent les environs. À deux pas des tractopelles et des grues, la famille Wang reçoit dans ce qu’il reste du domicile familial. Après le passage des autorités cet hiver dans un village confiné contre le virus, les portes, les fenêtres et une partie du plafond ont volé en éclat. Monsieur Wang se rappelle cette soirée de février. « Entre 30 et 40 personnes sont venues en pleine nuit pour nous chasser de chez nous. Ils nous ont forcés à sortir, nous ont jetés à terre. On ne pouvait plus revenir chez nous et on n’avait pas le droit de parler. Même ma mère qui est une dame de 70 ans a été poussée au sol. L’un d’entre eux m’a dit : "Signe l’autorisation, sinon on te tabasse à mort !" », raconte-t-il. Des habitats détruits et remplacés par des logements inadaptés aux ruraux Les autorités locales veulent mettre fin à ces maisonnettes de plain-pied, qui n’entrent pas dans leur concept d’un monde rural moderne. Pour cela, ils érigent des immeubles d’une dizaine d’étages pour reloger les villageois et libérer des terres qui peuvent être ensuite vendues à des promoteurs immobiliers. Une opportunité rare en temps de crise post-épidémie. Mais ces logements flambant neufs sont inadaptés à la vie à la campagne, explique monsieur Li, un voisin. « Les nouveaux immeubles sont beaucoup plus petits et il n’y a pas de cour, donc pas d’espace pour entreposer nos outils. En tant que fermiers, nous avons besoin d’un endroit où stocker nos engins agricoles. De plus, on ne pourra plus rien cultiver, on va désormais devoir acheter nos légumes qu’on faisait pousser auparavant ainsi que nos œufs. C’est un nouveau poste de dépense pour nous », déplore monsieur Li. Surtout, le chantier n’avait pas démarré que les villageois avaient déjà été expulsés. Et il est toujours loin d’être terminé. En attendant, chacun se débrouille. Monsieur Li et sa femme habitent chez leur fils, tandis que monsieur Wang loue un mobil-home pour 250 euros par an à l’entrée du village. Aucune date n’a encore été avancée pour la livraison des nouveaux logements, mais tous sont occupés à réunir les 21 000 euros nécessaires pour y emménager.