Reportage international - En Iran, le contrôle de l’internet se renforce

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Depuis un mois, le pays connaît un net ralentissement du débit internet, ce qui a provoqué des critiques sur les réseaux sociaux et dans la presse modérée et réformatrice. Avant même ces problèmes, l'Iran était placé au 118e rang parmi les pays du monde où l'internet est le plus lent. De notre correpsondant à Téhéran, Le ralentissement de la vitesse affecte tous ceux qui utilisent l'internet pour leur travail ou comme les écoliers et les lycéens qui suivent des cours en ligne. En effet, en raison de la pandémie du coronavirus, les écoles sont toujours fermées et les cours ont lieu par internet, ce qui augmente considérablement le nombre des utilisateurs, en particulier à certaines heures de la journée. Pour Alireza, un écolier de 10 ans, qui suit ses cours à la maison, le ralentissement du réseau est agaçant : « L'internet est très lent. Par exemple, lorsque la prof fait une dictée, il nous faut une heure et demie pour la lui envoyer. L'enseignante nous le reproche et baisse notre note. Et lorsqu'on veut utiliser l'application Shad créée par les autorités pour les cours, il faut plusieurs tentatives avant de pouvoir s'y connecter. Nous avons pris du retard dans les cours. Avant, il fallait une heure pour envoyer un devoir à la prof, maintenant il en faut deux, voire plus. L'internet est vraiment très lent. » Le pays compte 14,5 millions d'élèves, ce qui augmente considérablement le nombre des utilisateurs à certaines heures de la journée. Des VPN pour contourner le filtrage Selon les médias, la bande passante n'a pas augmenté depuis deux mois, c'est-à-dire depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement. Pourtant, le président Ebrahim Raïssi avait affirmé, avant son élection, qu'il n'était pas question de limiter l'internet. Il a même affirmé qu'il fallait en faciliter l’accès car beaucoup de gens utilisent la toile pour leur travail. Pour Mahyar, un jeune programmeur informatique qui travaille aussi chez lui, le ralentissement est particulièrement perceptible depuis un mois : « À cause des sanctions, de nombreuses adresses IP iraniennes sont fermées et nous devons utiliser des VPN pour travailler, ce qui ralentit la vitesse et lorsque le trafic international remonte comme ces dernières semaines, nous avons vraiment des problèmes. La bande passante doit augmenter chaque mois pour répondre aux besoins, ce qui ne s'est pas produit ces derniers temps, d'où les problèmes actuels. » L'accès à la toile est largement filtré ou restreint par les autorités. Les utilisateurs doivent installer des logiciels anti-censure de type VPN [un réseau privé, qui permet de contourner le filtrage, NDLR] pour accéder à de nombreuses pages étrangères mais aussi accéder aux réseaux sociaux comme Telegram ou Twitter. Ce qui n'empêche pas de nombreux responsables d'utiliser ces mêmes réseaux sociaux pour des communications officielles. Dans le même temps, l'examen d'une proposition de loi a été présenté par des députés ultra-conservateurs pour contrôler encore davantage l'internet et cela inquiète beaucoup de monde. Une campagne avec des centaines de milliers de signatures a été lancée sur internet contre cette proposition de loi. Mais pour le moment, les députés ne veulent rien céder.