Reportage international - États-Unis: quel avenir pour le parti républicain?

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Après l’assaut violent des partisans de Donald Trump sur le Capitole de Washington et le début d’une procédure de destitution contre le président sortant, deux visions s'affrontent au sein des conservateurs américains. Les uns voudraient revenir vers les valeurs traditionnelles des conservateurs, les autres poursuivre le trajet tracé par Donald Trump. Rencontre à Philadelphie avec deux jeunes représentants de ces deux courants entre lesquels une bataille sans merci s’annonce.  « C’est le point culminant d’une véritable tragédie shakespearienne. » Quand Albert Eisenberg voit les images des trumpistes qui prennent d’assaut le Congrès, ce jeune consultant politique sait que son parti arrive à un tournant : « Pour beaucoup de gens, y compris pour ceux qui soutiennent Donald Trump, c’était un moment de prise de conscience. La plupart des gens ont été choqués par ce qui s’est passé. Cela a considérablement réduit l’influence de Donald Trump et permet désormais au parti républicain d’avancer sans lui. En revanche, on ne peut pas avancer sans ses électeurs. » Seulement voilà : chez ces électeurs, l’identification avec leur héros est telle qu’ils ne se voient pas avancer sans lui. « Beaucoup de gens qui ont voté pour le président sont très en colère. Ils se sentent muselés et pensent que leurs voix n’étaient pas entendues », explique Billy Lanzilotti. L’an dernier, il a été l’un des organisateurs de la campagne de Trump à Philadelphie. Et il met en garde les élus républicains qui se détournent du président : « Liz Cheney, Mitch McConnel et Mitt Romney font partie de notre passé. C’est l’establishment qui essaye de se débarrasser de Trump. Et c’est un problème. Parce que 75 millions d’électeurs américains soutiennent le président. Nous aimons notre président ! Et si vous lui manquez de respect, vous nous manquez de respect ! Et nous sommes une importante base électorale pour les scrutins de 2022 et même pour la prochaine présidentielle. » ► À lire aussi : États-Unis : aux derniers jours d'une présidence houleuse, Trump fait feu de tout bois « Le défi pour le parti sera d’inclure les électeurs de Trump, mais en laissant le narcissisme, le chaos derrière nous », souligne Albert Eisenberg. « Nous devons nous positionner comme anti-élitistes et devenir le parti des travailleurs. Pas seulement des travailleurs blancs, mais aussi des noirs, des latinos et des asiatiques. » Pour Billy Lanzilotti, les républicains devraient maintenir la voie empruntée par Donald Trump qui a su élargir l’électorat conservateur traditionnel : « Donald Trump restera influent. Il pèsera sur les élections au Congrès ou sur les prochains primaires en apportant son soutien aux candidats de son choix. Ce mouvement se poursuivra au-delà de sa mort. Des personnes comme son fils ou d’autres dirigeants conservateurs ont déjà adopté son style. » Le style de Donald Trump, c’est de savoir tirer bénéfice de la colère d’une partie des Américains et de l’entretenir. Pour s’approcher de cet électorat, « nous devons essayer de comprendre pourquoi les gens sont si en colère, frustrés, exclus de la société ? »,insiste Albert Eisenberg. « Ce n’est pas seulement un problème pour nous, républicains, mais pour tout le pays et même pour le monde entier. Parce qu’on voit partout émerger des populistes qui bouleversent notre conception du monde contemporain. »