Reportage international - Kosovo: vives tensions dans le secteur serbe au nord du pays

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Le pays retourne aux urnes ce dimanche 17 octobre pour des élections municipales, premier test politique pour le Premier ministre réformateur Albin Kurti élu en février dernier. Mais le secteur serbe du nord du pays s’enfonce dans un nouveau cycle de violence. En septembre, c’est la querelle des plaques d’immatriculation qui a embrasé le secteur serbe du nord du Kosovo. En effet, alors que Belgrade refusait de laisser passer les voitures immatriculées « RKS », pour « République du Kosovo », Pristina a voulu introduire un « principe de réciprocité », en interdisant les immatriculations serbes. Un compromis provisoire a été trouvé : les insignes nationaux sont désormais recouverts de stickers blancs. Mercredi toutefois, une opération anti-criminalité de la police du Kosovo a remis le feu aux poudres à Mitrovica, provoquant de violents affrontements avec la population locale.  Miodrag Milicevic, de l’ONG Activ, l’une des rares à promouvoir le dialogue inter-communautaire, explique le sentiment d’exaspération qui monte chez les Serbes : « Beaucoup de frustrations s'étaient déjà accumulées après le conflit sur les plaques d'immatriculation. Les gens ne veulent pas avoir honte d'afficher les symboles de l'État auquel ils estiment appartenir. » À court terme, il est possible qu’en montrant les muscles dans les zones serbes, le Premier ministre réformateur Albin Kurti, triomphalement élu en février dernier, espère améliorer les positions de son parti en vue des élections de dimanche. Localement, la montée des tensions va surtout donner de l’eau au moulin de la Lista Srpska, le parti des Serbes du Kosovo, totalement téléguidé depuis Belgrade. « Nous rejetons les Serbes qui pourraient être intéressés par mieux s’intégrer dans notre société » Et beaucoup s’interrogent sur la stratégie d’Albin Kurti, comme Visar Ymeri, le directeur de l’Institut Musine Kokalari, un think tank social-démocrate de Pristina. « Je pense que la façon dont Albin Kurti gère la question du Nord est potentiellement très dangereuse, parce que le gouvernement du Kosovo ne présente aux citoyens du Nord que l'une de ses facettes, et ce sont des actions de police. Avec cette façon de gérer le Nord, nous rejetons les Serbes qui pourraient être intéressés par mieux s’intégrer dans notre société. Notre Premier ministre parle d'une société basée sur la citoyenneté, mais il agit d'une façon différente. » Josepp Borrel, le chef de la diplomatie européenne, a qualifié le nouvel envoi de la police spéciale dans le nord du Kosovo d’action « unilatérale », tandis que Belgrade s’empressait de dénoncer les derniers agissements de Pristina. Le président Vucic a ainsi répété qu’il était prêt à défendre les Serbes du Kosovo « par tous les moyens ». Le « dialogue » qui doit bien reprendre d’une manière ou d’une autre entre les deux pays semble donc fort mal parti