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Les mesures sanitaires sont renforcées en Chine, suite à l’apparition de foyers épidémiques notamment dans le nord du pays. Afin d'échelonner les départs et éviter la circulation du virus, les vacances scolaires du nouvel an lunaire ont été avancées d'un mois. Sauf pour les étudiants étrangers et notamment les étudiants africains, contraints de rester sur les campus. Reportage à Wuhan. « D'habitude, on sortait, l'année avant le Covid, mais là avec le Covid, ils ont fermé définitivement la porte, ils ont même construit un nouveau mur », décrit Touka, étudiant tchadien en master de relations internationales à Wuhan. Les accès de l’université normale de Chine à Wuhan ont été murés pour mieux contrôler les entrées et les sorties : décidément le monde d’après n’est pas celui d’avant, dans la capitale du Hubei comme dans le reste du pays. Avec la pandémie, les étudiants étrangers partis pour les vacances du nouvel an lunaire, l’année dernière, ne sont toujours pas rentrés. Touka le confirme : « la vie est différente, entre 2020 et 2021. Par exemple, dans mon département, 50% de mes camarades sont dans leur pays, nous, on est dans la classe et eux sont en ligne. Avant on était 500-600 étudiants étrangers dans deux bâtiments, maintenant on est à peine 100 étudiants. Vraiment on s’ennuie, parce que beaucoup de nos amis ne sont pas là, il n’y a que les études et les réseaux sociaux. La vie n’est plus comme avant... » La vie, les affaires ne sont plus comme avant non plus pour cet épicier Yéménite dont la petite boutique est très appréciée, notamment par les étudiants musulmans de Wuhan. Ces derniers risquent de se retrouver de nouveaux confinés sur le campus pour les vacances du nouvel an lunaire, ce qui rappelle des mauvais souvenirs à Ken : « On est resté pratiquement 5 mois dans nos chambres, et l'école nous ravitaillait matin, midi, soir. À un moment, ils nous ont donné la permission de sortir une fois la journée. C'était à Wuhan, c'est ici que ça a commencé et on se demandait si on l'avait contacté ou pas... Surtout que les Chinois ne disent pas tout ce qui se passe dans leur pays, du coup on l'apprenait par les médias et ça faisait vraiment peur. » ►À lire aussi : Coronavirus: le quotidien des étudiants africains coincés en Chine Pour cet étudiant Congolais, comme pour Touka, aujourd'hui la peur est passée. La ville de Wuhan est la plus sûre au monde, disent-ils. L’épidémie est sous contrôle, les chantiers ont repris tout autour de l’université. Et pour éviter tout nouveau risque de propagation du virus, les vacances de Chunjié - la fête du printemps - ont été anticipées cette année. Les étudiants chinois et les enseignants peuvent rentrer dans leurs province natale, les étudiants étrangers, en revanche, doivent rester sur les campus. « On va s’autogérer, les cartes pour les machines à laver, pour l'eau chaude et tout, ils vont donner ça aux étudiants, explique Touka. C'est l'autogestion Covid donc on sera dans le campus, il y aura les gens de la sécurité, chaque semaine, un professeur prendra la garde, mais c'est toujours les étudiants qui vont s'autogérer. On a déjà une expérience, ça fait douze mois qu’on est dans le Covid ! » Douze mois dans le Covid... Pour compenser, pour ces étudiants étrangers qui se sentent parfois discriminés dans leurs déplacements, l’université a prévu des billards, des babyfoot, des tables de ping-pong pour ces longues, très longues vacances confinées du nouvel an lunaire.