Revue de presse française - À la Une: 20 millions de Français sous couvre-feu

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Les habitants de la région parisienne et ceux de plusieurs grandes métropoles, comme Lyon, Lille, Grenoble ou encore Toulouse, devront rester à la maison entre 21 h et 6 h du matin, à partir de samedi… C’est la mesure choc annoncée hier soir par Emmanuel Macron pour lutter contre le Covid. « Emmanuel Macron, sans ménagement », s’exclame La Croix. « Il y avait quelque chose de surprenant dans la parole du chef de l’État hier soir. Une franchise assez brutale qui n’est pas fréquente de la part des gouvernants, relève le quotidien catholique. Ainsi : "Nous en avons jusqu’à l’été 2021 au moins avec ce virus". Ou encore : "C’est dur d’avoir 20 ans en 2020". L’explication de cette rugosité est claire, estime La Croix : la situation sanitaire est "préoccupante" mais pas "hors de contrôle". Il faut agir vite et fort pour "freiner la diffusion du virus". D’où les mesures très contraignantes annoncées hier soir. D’autant plus contraignantes dans notre vie privée qu’il faut éviter d’affaiblir davantage encore l’activité économique. Et surtout un reconfinement général qui affecterait toutes les dimensions de nos existences. » Cela suffira-t-il ? En tout cas, « bonne nuit », lance Libération, ironique, en première page. Libération qui s’interroge : « Cela suffira-t-il (…) ? D’après les données de Santé publique France, le virus circule surtout dans les entreprises, et celles-ci s’en sont tirées pour l’instant avec une simple "préconisation" de passer au télétravail deux-trois jours par semaine. Quant à renforcer les services de réanimation, poursuit Libération, Emmanuel Macron a eu tous les mots justes mais aucune des preuves de cette empathie que les soignants attendaient. Il y a fort à parier que leurs protestations, qui doivent se tenir ce jeudi dans les mêmes métropoles, n’en seront que plus désespérées. Après tout, le calcul présidentiel est de tenir le seuil d’occupation des services de réanimation ; le couvre-feu va réduire drastiquement les accidents de la route, et en décembre on verra bien. » Aveu d’échecs… Le Figaro ne ménage pas non plus ses critiques : « Dans les longues soirées d’automne, les Français ne pourront s’empêcher d’égrener le chapelet des échecs : les masques inutiles et obligatoires, les tests pour tous mais pour rien, l’application de traçage dont le Premier ministre ne connaît même pas le nom, les lits de réanimation qui manquent une fois encore, les soignants que l’on n’a pas su retenir, que l’on n’a pas su recruter… L’indiscipline des Français a beau jeu ! C’est d’abord ce fiasco bureaucratique qui impose aux citoyens de rester chez eux. » « Les annonces d’hier soir résonnent comme un aveu d’échec, renchérit Sud-Ouest. Échec à prendre à temps des mesures moins coercitives, échec de la politique des tests et du traçage numérique, échec surtout – le plus grave sans doute – à profiter de ces cinq mois de déconfinement pour préparer l’hôpital à la "deuxième vague", qui était pourtant annoncée. Le président a d’ailleurs eu, à propos de StopCovid, cette phrase qui restera dans les annales : "ce n’est pas un échec, ça n’a pas marché"… » Certes, poursuit Sud-Ouest, « le couvre-feu n’est pas aussi liberticide que l’était le confinement, d’autant qu’il ne concerne (ce qui n’est pas rien) qu’un tiers de la population française, mais il fait tomber sur le pays une nouvelle chape de plomb. » Electrochoc sanitaire Les Echos sont plus complaisants envers le chef de l’État : « À 18 mois de l’élection présidentielle, le Emmanuel Macron défend crânement qu’il est vivant politiquement. Il propose au pays un électrochoc sanitaire, en faisant le pari qu’il sera accepté. Il tente cette ligne de crête qui permettra, espère-t-il, à l’activité économique de rebondir : les secteurs affectés par le couvre-feu seront aidés, le plan de relance poursuivi. Car si les décisions paraissent rudes du point de vue d’un Français, elles le sont nettement moins, pointe le quotidien économique, au regard de celles prises nos voisins européens. » Enfin, « ce qui est certain, pointe La Charente Libre, c’est que la réussite de la nouvelle stratégie des tests - "tester, alerter, protéger" avec des résultats connus en moins d’une heure - est un des fondements de l’éclaircie à venir après les ratés des six derniers mois. L’autre certitude est que (…) ce va-et-vient constant, entre optimisme et danger, responsabilisation et restriction des libertés, est épuisant. Notre pays s’en sortira, mais dans quel état ? Les victimes ne seront pas seulement les morts du Covid. »