Avent #18. J6M, un maître du monde chez ASI

Share:

Listens: 0

Arrêt sur images - vidéo

Miscellaneous


Ce 10 décembre 2000, nous recevons un maître du monde. Plus précisément, Jean-Marie Messier, alias "J6M" (Messier-moi-même-maître-du-monde"), comme l'appellent les Guignols, "ses" Guignols, puisque J6M est patron de Vivendi, maison mère de Canal+. Cette émission ne mériterait d'ailleurs pas d'être aujourd'hui un de nos chocolats de l'Avent, si elle n'avait donné le prétexte à une violente attaque contre ASI. Dans un film, Enfin pris, le réalisateur Pierre Carles, proche de Pierre Bourdieu (reçu quelques années plus tôt, avec les suites polémiques que l'on sait), s'est procuré un petit morceau de conversation d'avant émission. On m'y entend assurer au PDG de Vivendi Universal qu'il ne sera, Dieu merci, pas questionné sur les chiffres. Anodine conversation phatique d'échauffement, mais dont Carles tire une interprétation qui connaitra un certain succès : ASI ménage le puissant patron de multinationale ? C'est donc que ASI est vendue à Messier. Forcément vendue. Lire aussi 1996 : Bourdieu à Arrêt sur images Quand nous recevons Messier, c'est le patron-star que nous souhaitons interroger, celui qui trône sur toutes les couvertures de magazines. Avec le tout-puissant et omni-médiatisé patron de Vivendi, nous tentons, comme d'habitude, de passer derrière l'image. Nous sommes en 2000. Messier est au sommet. Ses acquisitions américaines ruineuses n'ont pas encore plombé les comptes de Vivendi, ou bien personne ne le sait en dehors de Vivendi (et en tout cas, pas nous). Il n'a pas encore été sèchement remercié par le conseil d'administration, encore moins condamné pour ses multiples irrégularités de gestion (il subira plusieurs condamnations, de 2004 à 2014). Pouvions-nous anticiper ? Comme si nous étions experts comptables, ou magistrats financiers !Alors, de quoi parlons-nous dans cette émission ? De questions que l'on peut juger futiles, mais qui sont les nôtres. Par exemple, on ébrèche son story telling sur l'épargne salariale, en rappelant que les 50 plus hauts salaires de Vivendi recevront chacun 12 500 fois plus de stock options, que les salariés de base. Les yeux dans les yeux, je lui demande si un salarié de base est 12 500 fois moins important qu'un dirigeant du groupe. Je ne sais pas si d'autres journalistes lui avaient déjà posé ce genre de questions. Hélène Risser révèle, extraits à l'appui, qu'il ne raconte pas la même histoire au public français et américain à propos de ses séjours à New York. On essaie d'éclairer ses rapports avec le patron de Canal+ de l'époque, Pierre Lescure. Bref, une émission que l'on peut juger dispensable (pour Messier comme pour nous), mais certainement pas "vendue", comme l'a suggéré un habile montage, contre lequel nous fûmes impuissants. Inutile de dire que je n'ai jamais revu ensuite J6M, ni eu affaire à lui de quelque façon. Tout ça pour ça... DS.Vous trouvez que chacun devrait avoir accès à ce contenu ? Nous aussi ! C'est pourquoi en décembre, nous ouvrons les fenêtres : ce contenu, comme beaucoup d'autres, est gratuit ! Pour nous aider à mettre un maximum de contenus en accès libre, c'est le moment de nous soutenir par un don, défiscalisable à 66%. Et comme chaque année, ça se passe par ici.