? Bio Is The New Black #5 - PARTIE 1 - Le concours iGEM, dialogue entre Arthur-Donald Bouillé, Lisa Dehove & Xavier Montoy ?

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Bio Is The New Black

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? Bio Is The New  Black #5 - Le concours iGEM, dialogue entre Arthur-Donald Bouillé, Lisa Dehove & Xavier Montoy ?  Au-delà de la biomédialité (Hauser) explorée par les artistes à la fin des années 1990 dans le mouvement du bioart, les designers interrogent aujourd’hui les laboratoires de biologie comme terrain fertile de collaborations. En tant que projecteurs, il y aurait tout lieu de croire que ces derniers auraient pour rôle l’anticipation ou la mise sur le marché des découvertes scientifiques. Rien n’est moins sûr ! Dans la friction entre vivant et artificiel, les designers veulent soulever les questions éthiques, souhaitent s’emparer de l’histoire des vivants avec la même légitimité que les scientifiques, et ainsi,  participer eux-aussi  à la construction du savoir. Nous aborderons ces thèmes sous la forme de plusieurs dialogues entre Lisa Dehove, Arthur-Donald Bouillé & Xavier Montoy. Voici la première partie de cet entretien. Pour retrouver la deuxième partie de l’entretien, c’est par ici. Dans cette release de CPU : Des bactéries  Des briques de codes ADN  Un concours  Du jus de moustiques ?  Nos invités sont Arthur-Donald Bouillé, Lisa Dehove & Xavier Montoy. L'équipe aujourd'hui : Elise Rigot & Dascritch. Nous diffusons la première partie de notre interview où nous discutons du concours iGEM vu et vécu par les designers. Documentation   ? A propos des invités : Lisa Dehove Arthur-Donald Bouillé  Xavier Montoy Projet Moskito  Projet AEther  Projet COVIDISC  « Matières actives, matières à fiction », mémoire de fin d’étude à l’ENSCI Les Ateliers, 2019, de Arthur-Donald Bouillé sous la direction de Rémi Sussan « Artifice Naturel : Mettre en forme le vivant  », mémoire de fin d’étude à l’ENSCI Les Ateliers, 2018, de Xavier Montoy sous la direction de Camille Bosqué   ? Références citées au fil du podcast : Concours iGEM  Biobricks Thèse Better, Alexandra Daisy Ginsberg  Pierre-Damien Huyghe : « On appelle beaucoup trop de choses « design » » par Julie Delem  voir Stengers sur le terme de pertinence notamment  : Isabelle, STENGERS. 2013. Une autre science est possible! Manifeste pour un ralentissement des sciences. Paris, La Découverte.  Sur human practise voir Paul Rabinow et Gaymon Bennett, « From bioethics to human practices, or assembling contemporary equipment », Tactical biopolitics art, activism, and technoscience. MIT Press, Cambridge, 2007  Sur la petite éthique voir : Mark Hunyadi, La bioéthique n’a pas l’éthique qu’elle mérite pour aller plus loin : voir Mark Hunyadi, La tyrannie des modes de vie. Sur le paradoxe moral de notre temps, Bord de l’eau (Le), 2015  Biopolitique    ? Lecture :  Bernadette Bensaude-Vincent et Dorothée Benoit-Browaeys, Fabriquer la vie: où va la biologie de synthèse?, Seuil, 2011, pp.138-139, tout droit réservé, l’extrait figure à titre documentaire : « Responsabilité ou acceptabilité sociale ?  Certes, les travaux éthiques sur la biologie de synthèse se développent et témoignent d'une réelle prise de conscience. Ils expriment un souci de responsabilité et une volonté d'affronter les problèmes de manière efficace et ouverte.  Toutefois, on peut se demander si l'analyse des impacts de la biologie de synthèse sur la société et la culture ne procède pas d'un souci de prévenir ou de surmonter des réticences, traditionnellement suscitées par les innovations technologiques. On a vu croître depuis vingt ans la méfiance vis-à-vis du nucléaire, des OGM, de la vaccination. Celle-ci se trouve exacerbée par les grands discours assortis de promesses mirifiques destinées à encourager les investissements publics et privés. En l'occurrence, les promoteurs de la biologie de synthèse annoncent, sans vergogne, la mise au point pour « demain » d'organismes synthétiques adaptés à tous nos besoins d'énergie et de santé. En donnant libre cours à cette rhétorique de la promesse, ils réveillent des inquiétudes profondes à l'égard de la technologie. Dans le cas de la biologie de synthèse, la méfiance à laquelle il faut faire face procède directement de l'expérience des OGM. En effet, la question fuse invariablement dans les débats publics : la biologie de synthèse ne serait-elle qu'une manière de faire « en grand » des OGM ? Au lieu de greffer quelques gènes, cette nouvelle biologie permet de remplacer tous les gènes et pourrait donc être bien plus efficace que les OGM ? Question pertinente si l'on écoute Drew Endy et les promoteurs du BioFab, qui présentent la biologie de synthèse comme un dépassement de l'artisanat et du bricolage à l'œuvre dans la production d'OGM. Conscients de leur ambition, ces derniers ont compris très tôt la nécessité d'associer des éthiciens à leurs travaux. Mais la mission confiée à ces derniers n'est pas d'interroger la légitimité des recherches d'un point de vue moral ; elle est plutôt d'aider à piloter le projet, en anticipant sur les problèmes. Il s'agit de gouvernance plutôt que d'éthique. La question morale « que dois-je faire ? » n'est jamais posée. Pour cette communauté scientifique, il est tacitement admis qu'on doit faire de la biologie de synthèse. Il faut simplement réguler, anticiper les obstacles et blocages, tout mettre en œuvre pour maximiser les bénéfices en diminuant les risques. Bref l'éthique est souvent mobilisée pour légitimer l'entreprise techno-industrielle aux yeux d'un public qui pourrait être sceptique. »   ? Musiques : Thylacine, Poly, Album Transsiberian (2015) 4:53 Lucas Santtana, Ninguém solta a mão de ninguém, Album : O Céu é Velho Há Muito Tempo (2019)  Amon Tobin, Natureland  (extrait de album Supermodified , sorti en 2000) Paillasse du design : Programmation du vivant  Au bord du promontoire, tu hisses ton corps. Tu esquisses un premier plongeon. Cela grouille de vie. Tu ne saurais dire si le ballet devant toi est l'œuvre des troubles hallucinatoires d’une plante venue d’Amazonie ; ou bien, si les organismes et les agglomérats de vie, habituellement regroupés derrière le terme de Nature, sont à l'origine de ce phénomène. Tu comprends petit à petit, que ce monde n’est ni naturel, ni artificiel ; et qu’il est tout cela à la fois. Aujourd’hui, j'aimerais t’emmener dans des endroits étranges, où l’on pratique la manipulation génétique programmée sur des bactéries, afin de les rendre manipulables, transformables, assemblables, à la manière d’un grand jeu de légo. Il ne s’agit pas de fantasmes, de délires autoproclamés, mais d’une pratique de la biologie synthétique - en quelque sorte la suite logique de la biologie moléculaire - dont les précurseurs voyaient en elle une vision programmatique de la matière.  Je te parlerai de quelques designers qui se sont prêtés à une expérience troublante, celle de s’atteler à faire-avec les scientifiques qui oeuvre à la programmation du vivant. Bienvenue dans Bio is the new Black.  Introduction Bio Is The New Black invite artistes, designers, philosophes, scientifiques et ingénieurs à explorer les multiples questions éthiques, critiques et de créations qui se posent avec les technologies de bio-fabrication.  Nous sommes au Morning OS, dans la salle du serveur du collectif BAM, un grand merci à eux pour ce plan de repli. Quelques oreilles attentives nous écoutent, ce sont celles de Lysiane Lagadic, Marie Truffier, Mikhael Pommier & Judith Krief merci à vous d’être parmi nous, je vous invite à intervenir et poser vos questions. Pour planter le décor, voici les personnages : Lisa Dehove, amoureuse du langage des couleurs, et accompagnatrice de projets scientifiques  Xavier Montoy, Kafka des temps modernes Arthur-Donald Bouillé, poète au coeur de la matière   Première partie : retour sur le concours iGEM  Vous avez tous ici autour de la table participés au concours iGEM, Marguerite Benony qui interviendra également dans Bio Is The New Black (n°6), a été la première designeuse en France à avoir participée en tant que candidate mais aussi en tant que membre du jury au concours iGEM - International Genetically Engineered Machine - au sein de l’équipe du CRI.  Arthur tu as participé à ce concours avec le projet Æther, bioinspired indoor air purifier en 2017 qui a reçu un prix, awarded with the Bronze medal at the Giant Jamboree au MIT, Boston. Lisa & Xavier, vous avez tous les deux collaborés sur le projet Moskito pour l’équipe Pasteur en 2016. Ce projet a reçu un certain nombre de prix : Best diagnostics / Best applied design project / Best entrepreneurship awards à Boston, Laureate of the Grand Challenges Africa 2017 / Special mention, Braun prize 2018, dont un très récent le prix X-Impact Tech (2020). Je peux imaginer qu’il y a un vrai intérêt à participer à un tel concours pour des designers et à s’engager dans une telle démarche interdisciplinaire. Pour autant, lorsque je suis allée lire la thèse d'Alexandra Daisy Ginsberg, Better, à Londres au RCA, j’ai été assez vite étonnée du retour personnel qu’elle fait sur ce concours. Qui plus est, qu’elle est, je pense, qu’elle est la première à y avoir introduit le design tel qu’on l’entend vous et moi. En effet, sa participation au jury en design n'avait pas été renouvelée de par la différence de vision : elle posait trop de questions. D’autant plus perturbant que je pense que c’est elle qui a contribué du moins en partie à faire passer ce concours dans la culture du design avec le projet e-chromi. Pour commencer, une question très générale, qu’est ce que le concours iGEM a apporté à vos pratiques de design ?    Conclusion  Nous remercions chaleureusement Arthur-Donald Bouillé, Lisa Dehove & Xavier Montoy. Cet épisode est la première partie de l’interview, nous vous retrouvons la semaine prochaine pour la seconde partie de notre dialogue sur les couples : vivant/artificiel & humain/non-humain.  C’était CPU le programme Carré, Petit, Utile de radio FMR. Pour ce cinquième épisode de la série Bio is the new black, l'équipe est composée de : Elise Rigot & Dascritch  La release a été shippée avec les moyens techniques de Bio is the new black et de CPU. Nous remercions le Mornign OS, le collectif BAM, Lysiane Lagadic , Mikhael Pommier, Judith Krief & Marie Truffier pour leur écoute bienveillante. L'intégralité du programme, des extraits et nos sources sont disponibles sur la page de l’émission cpu.pm/153 et sur les plateformes d’écoute de podcast, vous pouvez commenter et partager. Les chroniques et interviews sont en licence libre c'est donc là pour ça ! Prochaine release : Nous vous donnons rendez-vous jeudi prochain à 11h pour écouter la seconde partie de cet entretien. Si vous nous écoutez sur radio FMR le jeudi, il est midi, nous cédons l’antenne à Monique Blanquet.  La programmation musicale est de Elise Rigot.